À l’extrémité du pré Meunot, l’entrée du village est cernée par des loges en bois de mélèze, couvertes de ramures végétales. Sous les nombreux panneaux solaires qu’elles supportent, plusieurs abris sont ouverts. Deux fulminaires sont arrivé⋅es un peu avant dix heures ce matin. Deux expert⋅es de la foudre, au sac à dos gros comme une armoire, installé⋅es provisoirement dans l’une de ces cabanes construites pour accueillir les spécialistes de passage dans les petites agglomérations.
Presque immédiatement, c’est à dire le temps que la nouvelle se répande plus haut, dans les ruelles pleines de légumes-feuilles, un enfant de huit ou dix ans s’était précipité pour les trouver.
« C’est vrai que les éclairs veulent repartir vers le ciel quand vous les capturez ? »
Devant la petite cabine en retrait, semi-enterrée dans une butte, l’enfant attendait sa réponse le plus sérieusement du monde. Lal hésitait entre simplifier ou expliquer en détail l’effet Al-Shammas. Bao le laissait se débrouiller, elle déballait sur une couche rudimentaire les appareils d’hygrométrie et les gaussmètres, plus pressée de trouver son petit oreiller que de se mettre au travail. Le voyage avait été inconfortable dans le châssis de camionnette photovoltaïque qui les avait embarqué⋅es à l’aube.
— Et bien, parfois le plasma du canal de foudre dessine un faisceaux ascendant, qui semble remonter le canal ionisé en se dissipant, après avoir touché la base de notre ligne.
Le petit ne désarme pas. Lui aussi veut devenir fulminaire, il le fait savoir et demande ce qu’il doit faire pour y arriver.
— Il faut beaucoup apprendre… tout connaître de la météorologie et des lois électrodynamiques…
Bao regarde l’enfant entre deux âges avec un air de pitié, puis elle s’adresse à celui qui s’improvise tuteur :
— Explique-lui déjà le plasma de façon imagée.
Elle se tourne vers le petit aspirant :
— C’est quoi ton nom ?
— Antoine, mais tout le monde m’appelle Toto.
Pour profiter du prochain cycle thermodynamique qui produirait des orages sur la région, une longue liste de préparatifs se dressait. La coopérative locale de l’énergie apporterait une aide précieuse, mais avant même de pouvoir estimer les stocks de Kevlar nécessaires pour réparer le filin, il faudrait connaître le nombre de compagnon⋅nes disponibles. L’enfant était pour l’instant le seul volontaire recensé.
En levant les yeux, Bao aperçut une silhouette qui marchait tranquillement dans leur direction, sur le petit chemin du pré. Il allait falloir attendre encore avant de pouvoir faire une bonne sieste.
« Bienvenue à Maleplanche ! Je m’appelle Jasmée. »
Avec sa tenue ample et claire, à coupe dissymétrique, en sandales, la villageoise contraste devant les deux technicien⋅nes couvert⋅es de poches à outils.
— On va vous installer mieux que ça tout à l’heure… En attendant vous avez faim ?
Lal s’épanouit soudain.
— Un petit encas serait pas de refus.
Au début du chemin, plusieurs têtes curieuses s’amassent déjà. Bao s’est résignée à un petit bain social. Elle termine d’un regard l’inventaire du sac qu’elle avait bouclé à la hâte avant de partir ce matin, et se tourne vers Jasmée :
— J’ai entendu parler d’une spécialité sucrée de votre cantine populaire, quelque chose à base de noisettes… ?
— Tu veux parler des croquines ? Ça tombe très bien, j’en ai sorti une fournée tout à l’heure.

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    1 year ago

    “Solarpunk”… mais très fantaisiste. Pardon aux scientifiques qui liront.
    bollore vincent

    Je poste un peu à l’arrache pour tester cette petite histoire que j’ai développée sur une inspiration, il y a sûrement plein de fautes d’orthographes aussi, déso, je reviendrai sûrement faire des corrections dans qlq jours